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Cosmethics (2017-2021)

Les recherches menées entre 2017 et 2021 se sont articulées autour de quatre grands enjeux : la santé de la peau, le bien-être, les dynamiques économiques et les comportements des acteurs. Ces thématiques ont mobilisé une approche interdisciplinaire, croisant sciences humaines et sociales, chimie, biologie et santé.

Du côté des sciences sociales, les travaux ont porté sur l’histoire et la territorialisation de la filière cosmétique, ses évolutions culturelles et économiques, ainsi que les représentations sociales et les comportements d’achat et d’usage des cosmétiques. En chimie, biologie et santé, la recherche s’est concentrée sur les organoïdes de peau et l’affinement de la compréhension des mécanismes de la mélanogenèse.

Ces travaux ont mobilisé plusieurs laboratoires partenaires, dont le LARHRA, LIP, TIMC, IMAG, EHESS, DCM et BGE, contribuant à une vision globale et intégrée des enjeux liés aux cosmétiques. 

Trois groupes de travaux (WP) ont été structurés : WP1 Les territoires de la beauté ; WP2 L’objectif et le subjectif au service d’un outil informationnel : la cosmétiquette; WP3 Pigmentation de la peau : des molécules aux usages sociaux.

Les territoires de la beauté (WP1)

Le WP1 se donne pour tâche de comprendre le lien entre les entreprises de cosmétiques et les territoires (production, consommation, identification) depuis les années 1930 et le contexte d’évolution des rapports à la beauté et à la santé sur la durée. Les méthodes retenues privilégient les démarches inductives et les approches par le « terrain » avec les acteurs.

Laboratoires impliqués : LARHRA, CHUGA, TIMC-IMAG, GRESEC, DCM, LIP, TELEMME, CRHEC, LabSIC

Histoire des entreprises et ancrage territorial : comprendre l’histoire des entreprises et des entrepreneurs à l’aune de leur fonctionnement spatial.

Le secteur des cosmétiques, au départ a-territorial, a repensé son ancrage (systèmes productifs locaux, pôles de compétitivité) et mis au point des produits en lien avec le territoire. Désormais, les territoires sont investis par les marques pour l’image qu’ils produisent. Après le thermalisme, premier acteur dans ce domaine, ceux-ci sont utilisés, labellisés, voire patrimonialisés par des firmes qui construisent leur image, en fonction de choix stratégiques et environnementaux.
Le travail sera conduit avec un panel diversifié d’entreprises, tant par la nature des produits (du conventionnel au bio/naturel) et la taille des structures (des PME aux grands groupes). Une place importante est donnée aux sous-traitants et aux structures professionnelles.

Les territoires de la vente et de la distribution

Le focus pointe le suivi et l’analyse contextualisée des nouvelles formes de consommation et de structures de commercialisation (de la vente directe au web) en fonction de la mode et des modèles : grandes chaînes, magasins exclusifs, réseau des pharmacies, vente à domicile et vente virtuelle, sites et blogs déterritorialisés sur la toile « mondialisée ». Il s’agit de conduire une analyse de données émanant des consommateurs pointant l’élargissement de la clientèle générationnelle, sociale et genrée, à partir aussi de l’évolution des discours et des systèmes de communication (argumentaires, nature, environnement, authenticité, efficacité, sports, sites des marques, packaging, etc..) et plus largement des stratégies de marketing, essentielles dans la dynamique des entreprises.

L’objectif et le subjectif au service d’un outil informationnel : la cosmétiquette (WP2)

L'objectif du WP2 est de comprendre de manière exhaustive la pigmentation de la peau, de la chimie /biochimie à l'utilisation sociale à long terme (valeurs sanitaires et sociales).

Mots-clés : valeurs, pratiques et beauté (histoire) / connaissances des molécules et systèmes enzymatiques  (chimie / biochimie) / signaux faibles pour générer des alertes (médecine) / manque de réflexion sur les valeurs véhiculées par les médias, les médias sociaux et les institutions (science de l'information et des communications / Psychologie).
 
Laboratoires impliqués : CHUGA, TIMC-IMAG, GRESEC, LARHRA, DCM, ESRF, LIP, SyMMES-CEA
  • Identification des utilisations et des risques : Méta-analyses et inventaire des données existantes. Une enquête exploratoire multisources pour donner une image globale de la manière dont les cosmétiques sont utilisés pour la pigmentation de la peau et les changements de valeurs afin de définir les principaux problèmes.
  • Conception de nouvelles molécules à partir de relations structure-fonction  & synthèse chimique
  • Essais enzymatiques et évaluations biologiques. Ils seront menés en utilisant une complexité croissante à partir d'enzymes isolées jusqu'à des modèles de peau pigmentés issus d'une technologie en développement basée sur une imprimante 3D.

Pigmentation de la peau : des molécules aux usages sociaux (WP3)

L’usage des cosmétiques soulève aujourd’hui de nombreuses questions, qui appellent une approche croisée des chercheurs en SHS et en Santé. En effet, les représentations sociales, comme les comportements d’achat et d’utilisation des cosmétiques, ou encore les motivations et freins qui les sous-tendent, demeurent insuffisamment cernés et compris. De même, l’évaluation de la dangerosité possible des cosmétiques ou de certains cosmétiques, question de plus en plus souvent reprise par les médias, reste encore incertaine et problématique et soulève par ailleurs des considérations de santé publique et des besoins de communication informationnelle, voire préventive.

Laboratoires impliqués : CERAG, LIP, PC2S, TIMC 

Copilote « SHS » : Marie-Laure Gavard-Perret (CERAG), Rémi Kouabenan (LIP/PC2S)
Copilote « Santé » : Benoit Allenet (TIMC). 

Il ressort de l’analyse de ce secteur d’activités que le ratio bénéfices/ risques « objectif », bien établi désormais pour les médicaments, ne l’est pas pour les cosmétiques. De même, la perception subjective de ce ratio par les utilisateurs et/ou acheteurs n’a pas été précisément examinée non plus. Pourtant, pour pouvoir mieux guider, d’une part les utilisateurs et/ou acheteurs dans leurs choix de produits cosmétiques et, d’autre part, les professionnels de la santé et de la beauté dans leur rôle de prescription de cosmétiques, il est indispensable de pouvoir s’appuyer sur la détermination de ratios bénéfices/ risques « objectifs » mais également sur la compréhension des mécanismes individuels (cognitifs, émotionnels, etc.) et des processus de perception des risques « subjectifs » associés à certains produits et à certaines pratiques. C’est aussi cette base de connaissances qui permettra d’articuler des actions de communication/ information/ prévention efficaces et, en particulier, de proposer une « cosmétiquette », c’est-à-dire un outil informationnel de sensibilisation des utilisateurs et/ou acheteurs aux risques de certains cosmétiques, à l’instar du Nutriscore dans l’alimentaire.

Dans ce cadre, l’une des difficultés majeures réside dans le caractère intime et secret de certains comportements d’utilisation de cosmétiques. Le déni, les non-dits, la complexité d’accès aux critères de décision rendent, de ce fait, la connaissance extrêmement délicate et compliquée.

Du point de vue méthodologique, les objectifs du WP3 amènent à envisager des approches très diverses et complémentaires pour être capable de déterminer à la fois le ratio bénéfices / risques « objectif » et le ratio « subjectif ». Cela suppose de construire une méthodologie originale d’évaluation qui soit spécifique à chacun de ces deux ratios, en s’inspirant notamment de l’expérience acquise dans le médicament et dans l’évaluation des thérapies alternatives. Puis, de concevoir des actions d’information/ prévention dont la performance persuasive sera testée et évaluée rigoureusement.

Publié le 25 mars 2025

Mis à jour le 26 mars 2025